21. PILORI

                                             Il n'est pas fréquent que je m'attaque à un homme! (en sculpture je veux dire). De toute façon il ne mesure que 50cms, son corps est creux, étayé au départ par du carton pressé, qui brûle à la cuisson révélant son vide et je lui ai voilé la face à défaut d'autre chose. 

Je l'ai passé à la casserole deux fois:  J'ai pris le risque de le faire mijoter une deuxième fois à 1300° à la briqueterie où j'achète ma terre: 


la terre acquiert alors cette teinte sablée, et ambrée laissant apparaitre la variation de tous ses grains de peau, tandis que dans les fours traditionnels, la cuisson à 900°, qu'on appelle biscuit, laisse sur les corps une teinte plus rosée, homogène, du genre anglais à la plage, dont je ne raffole pas vraiment et que je préfère patiner. 
Il peut donc s'estimer heureux, même s'il a eu chaud, d'avoir été laissé tel qu'il est sorti du four, avec juste un léger fond de teint ciré. Voila, on peut dire que j'en ai pris grand soin de cet homme là sur son pilori. 
 
                                            


Il existe d'autres terres, qui se révèlent d'une belle couleur blanche à la cuisson, mais elles sont plus fines. Celle que j'utilise depuis toujours, est plus grossière (chamotté) et c'est justement cet inconvénient, auquel je me suis habituée, qui réduit le risque d'explosion dans le four,  surtout pour moi qui travaille directement dans la masse.

 
Je n'ai jamais appris à sculpter, j'ai piétiné dans la terre toute seule.

 

Je sais qu'il existe des techniques de montage permettant d'alléger les pièces.


Une fois j'ai fait l'expérience d'un stage d'une semaine, très cher,  auprès d'un professeur d'art plastique. La terre était la sienne et je me suis forcée à accepter ses contraintes, même si ce fut avec un certain ennui; à la fin nous nous sommes un peu disputés. Toujours est-il que la pièce a explosé dans le four. Heureusement j'ai pu la réparer (voir la pièce intitulée: la réparation).



J'aurais souhaité avoir des conseils, un éclairage sur une recherche des lignes, de l'expression, sur comment rendre davantage une émotion ou un sentiment par que sais-je... une courbe, un creux, une inclinaison, un regard?

Je sens bien que ça me manque, mais je n'ai obtenu que des conseils de technique pour la technique.


Je veux bien admettre que l'apprentissage préalable de geste plus orthodoxes apportent une plus grande rapidité d'exécution.



Ils permettent sans aucun doute de développer seule ensuite sa propre expression, surgissant de façon plus spontanée, moins laborieuse, évitant ce caractère pontifié que je reproche à mes sculptures, mais c'était déjà trop tard: j'ai intégré en solitaire des gestes qui sans doute m'enferment, ne me permettent pas de passer à autre chose.



Cela dit, si je suis honnête avec moi même, je ne peux oublier qu'à l'école, moi qui était plutôt sage et bonne élève, j'ai toujours fait l'imbécile avec les professeurs de dessin ou de travaux manuels, alors que j'adorais peindre et dessiner.
(Au fait j'ai égaré la question que je voulais me poser... )

(oeuvre vendue)

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