Lors d'un magnifique mois de janvier j'ai fait un séjour solitaire à La Ciotat, un endroit que j'affectionne particulièrement.
J'arpentais souvent les calanques cachées juste derrière le port et son ancien chantier naval dans un magnifique parc sauvage aux senteurs étonnantes.
La forme évocatrice des rochers m'ont suggéré ce personnage exécuté les matins ensoleillés sur la terrasse de mon studio que j'avais loué dans une maison nichée sur les hauteurs.
Cet homme-animal au corps raviné, mi-chien, mi-oiseau mi-mouton, était déjà apparu spontanément dans une de mes pièces très anciennes.
Dans mes premiers contacts avec la terre j'attaquais, je malaxais le bloc en aveugle, sans penser à rien, et tout d'un coup surgissait une forme, qu'alors je précisais davantage.
Il m'avait donné l'impression d'être un gardien austère de quelque chose présent en moi que j'ignore, et les rochers de La Ciotat me l'ont fait revenir.
Aujourd'hui mes pièces sont un peu plus pensées au départ... mais finalement guère plus. Je me rends bien compte que celles, minoritaires, pour lesquelles j'ai fait un effort, celles qui sont plus éloignées de moi, sont celles qui plaisent davantage, mais ça ne me vexe pas.
Je pense qu'il est normal que les preneurs ne veuillent pas exposer sur leurs étagères l'intimité des valises surchargées de l'artiste.
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