13. LA DOULEUR DEGUISEE



Pour cette pièce je me suis laissée emporter par un mouvement de plis, comme souvent, sans penser à quelque chose de précis. En est sorti  un personnage drapé dans sa douleur, une blessure au ventre ou ailleurs, entre tissu et chair.
















 Une silhouette carnavalesque dans une pose affectée, surgie d'on ne sait où, de Venise peut-être? Cette pudeur et impudeur que les italiens savent si bien marier:

déguiser sa douleur, son intimité ou l'exhiber c'est un peu pareil...souvent on a mal ailleurs que là où on croit avoir mal...




Le raku a donné de bons résultats sur cette pièce, les craquelures sont évidentes.


Le procédé est le suivant:



    

La pièce est d'abord cuite normalement à 900°. Ensuite elle est émaillée au pinceau. Ici un simple émail blanc n'a été appliqué qu'à certains endroits choisis.


Ensuite elle est chauffée dans un four à raku extérieur très rapidement, puis, incandescente on l'extraie du four avec des pinces en se protégeant de la chaleur par un masque et des gants, et on attend le choc thermique:

Il faisait froid ce jour là, l'hiver celui-ci est plus fort et plus rapide. Lorsqu'on l'entend "chanter", c'est que l'émail se fissure alors il faut agir vite: on l'enfume avec de la sciure, du papier journal ou des copeaux de bois dans un vieux  bidon métallique.

 
Le noir de la fumée se pose là où l'émail à craquelé, et aux endroits bien sûr où la terre est restée nue. Ensuite on l'arrose progressivement d'eau froide pour renforcer les effets.


Le résultat est toujours aléatoire, dépendant de plusieurs facteurs pas toujours maîtrisables: température, épaisseur de l'émail, lissage ou rugosité de la terre qui va absorber la fumée d'une certaine façon, durée de l'enfumage, rapidité ou lenteur des gestes... Parfois on est très déçu, parfois on est émerveillé.

Rencontre de la terre de l'air de l'eau et du feu... que j'ai juste effleurée et qui est passionnante...
   
Pourtant je n'ai pas poursuivi cette recherche dans cet art évidemment plus noble que la patine, contrainte de m'inscrire dans un atelier de poterie alors que je reste des semaines entières à travailler une pièce au rythme solitaire qui est le mien... (plus souvent la nuit que le jour.) 
Et puis la plupart de mes pièces ne se prêtent pas beaucoup à l'émaillage, et puis surtout: 
je n'aime pas beaucoup
la contrainte.





1 commentaire:

Michel Réa a dit…

Vos oeuvres sont superbes!

Michel